À peine nommés, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le garde des Sceaux Didier Migaud se sont engagés dans un bras de fer médiatique, révélant des divergences importantes au sein du nouveau gouvernement sur la politique pénale.
Bruno Retailleau, tenant d’une ligne dure, a plaidé sur TF1 pour un changement de la politique pénale, appelant à plus de fermeté et à une meilleure exécution des peines. Il a notamment évoqué la nécessité de construire davantage de prisons, empiétant ainsi sur les prérogatives de son collègue de la Justice.
En réponse, Didier Migaud a rappelé sur France 2 l’importance de l’indépendance de la justice dans une démocratie. L’ancien député socialiste a souligné la nécessité de redonner confiance aux citoyens dans leurs institutions judiciaires, tout en se disant prêt au dialogue avec son homologue de l’Intérieur.
Cette passe d’armes a suscité des réactions dans le monde judiciaire. Kim Reuflet, présidente du Syndicat de la magistrature, a critiqué le « discours ultra-sécuritaire » de Retailleau, le jugeant peu respectueux de l’état de droit. De son côté, Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats, y voit un positionnement normal dans un gouvernement de coalition.
Ces divergences interviennent dans un contexte budgétaire tendu, avec une potentielle réduction du budget de la justice de 500 millions d’euros, selon les dernières informations.
Cette confrontation entre deux poids lourds du gouvernement soulève des questions sur la cohérence de la politique pénale à venir et sur la capacité du Premier ministre Michel Barnier à arbitrer entre ces positions divergentes.
