L’industrie automobile européenne s’enfonce dans une crise majeure, illustrée par les difficultés sans précédent de ses deux plus grands constructeurs. Volkswagen envisage la fermeture de trois usines en Allemagne, une première en 87 ans, tandis que Stellantis vient d’écarter son PDG Carlos Tavares. Cette situation alarmante révèle l’échec d’une stratégie européenne qui sacrifie son industrie au nom d’une transition écologique mal pensée.
L’Europe désarme son industrie
L’obsession de Bruxelles pour une électrification à marche forcée se heurte violemment à la réalité du marché. Les ventes restent largement inférieures aux chiffres d’avant-Covid, avec des usines tournant au ralenti. La combinaison de véhicules électriques trop chers et de subventions en baisse paralyse les consommateurs, tandis que les problèmes électroniques sur les nouveaux modèles freinent le déploiement des gammes.
Les équipementiers européens paient aussi le prix fort de cette transition précipitée. Bosch, ZF, Valeo multiplient les plans sociaux, fragilisant tout l’écosystème industriel du continent. La hausse des prix de l’énergie, conséquence d’autres choix politiques contestables, aggrave encore la situation. Pendant ce temps, les constructeurs chinois, bénéficiant de coûts de production avantageux, d’un soutien massif de leur État et d’un accès privilégié aux matières premières stratégiques, pourraient conquérir jusqu’à 20% du marché européen d’ici 2040.
Le cabinet Roland Berger dessine deux scénarios pour 2040, dont le plus probable voit les constructeurs occidentaux continuer à souffrir de ventes stagnantes et d’une pression croissante sur les coûts. Seul Renault semble tirer son épingle du jeu, grâce à une stratégie de montée en gamme et de partenariats intelligents, notamment dans le développement technologique.
Cette crise majeure appelle une remise en question profonde de la politique industrielle européenne. La transition écologique, nécessaire, ne peut se faire au prix du démantèlement de notre industrie automobile. L’Europe doit d’urgence repenser son calendrier de transition vers l’électrique, protéger son marché face à une concurrence déloyale, soutenir massivement sa recherche et développement, et préserver son tissu industriel et ses emplois. L’enjeu dépasse largement le cadre automobile : c’est l’avenir de l’industrie européenne qui se joue dans ce bras de fer avec la Chine.
