Une réunion de crise à la préfecture
Face à l’urgence de la situation, Pierre Bressolles, sous-préfet de Castelsarrasin, a présidé une réunion exceptionnelle rassemblant l’ensemble des maillons de la filière : Claude Gautier, président du syndicat de défense du Chasselas de Moissac, Julien Custody, vice-président de l’Association interprofessionnelle des raisins du Sud-Ouest (AIRSO), Jean-Philippe Viguier, président de la chambre d’agriculture, Eric Fabre, président d’Interfel, ainsi que les metteurs en marché et les représentants des enseignes de distribution.
Cette première partie de saison commerciale 2025, qui court essentiellement de mi-août à mi-novembre, est marquée par des difficultés majeures. La récolte, précoce et abondante cette année, n’a pas trouvé les débouchés escomptés. À date, les volumes commercialisés demeurent faibles, mettant en péril la trésorerie des producteurs.
80% de la récolte attend d’être distribuée
Le constat dressé lors de cette réunion est préoccupant : alors que la qualité du Chasselas de Moissac est reconnue par son Appellation d’Origine Protégée (AOP), ce produit emblématique du terroir tarn-et-garonnais peine à conquérir les rayons des grandes surfaces. Pourtant, les attentes des consommateurs en matière de produits de proximité, porteurs d’identité et de valeurs, n’ont jamais été aussi fortes.
Le préfet de Tarn-et-Garonne, sollicité par la profession, a souhaité répondre sans délai à cette situation d’urgence pour faciliter le dialogue et veiller au respect de l’équilibre des relations commerciales entre les partenaires de la filière. L’objectif était clair : trouver des solutions rapides pour que cette production de qualité soit enfin accessible aux consommateurs.
Des engagements de la grande distribution
À l’issue de la réunion, les représentants des enseignes de distribution se sont engagés à étudier des suites rapides afin de mettre en avant le Chasselas de Moissac dans les semaines à venir. Un bilan d’étape sera réalisé prochainement pour mesurer la concrétisation de ces engagements et leur impact sur les volumes commercialisés.
Le sous-préfet de Castelsarrasin a salué l’effort de structuration engagé par les producteurs et metteurs en marché, désormais réunis au sein de l’Association Interprofessionnelle du Raisin du Sud-Ouest (AIRSO), créée il y a quelques semaines. Cette nouvelle organisation professionnelle vise à renforcer la capacité collective de la filière à défendre ses intérêts et à coordonner ses actions.
Un soutien renforcé de l’État
L’État a réaffirmé son soutien à cette filière à travers le Plan Agriculture Méditerranée, dans le cadre du projet « Prunes et Raisins du Sud-Ouest » porté par la chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne. Ce dispositif vise à accompagner la structuration et la modernisation des filières agricoles méditerranéennes.
Par ailleurs, les services de l’État ont proposé aux acteurs de la filière de diligenter une mission d’appui et d’accompagnement du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Cette mission aura pour objectif de soutenir l’association interprofessionnelle dans la préparation des futures campagnes et d’aider les acteurs à construire une stratégie plus durable qui valorise ce fruit reconnu par son AOP.
Un appel solennel aux consommateurs et distributeurs
Le préfet de Tarn-et-Garonne a lancé un appel solennel aux distributeurs pour qu’ils commercialisent avec conviction le raisin du Sud-Ouest et le Chasselas de Moissac. Il espère également un sursaut de consommation en faveur de la production locale, attachée à l’identité du territoire.
Cette crise de commercialisation intervient dans un contexte où les circuits courts et la consommation de produits locaux sont pourtant plébiscités par les Français. Le Chasselas de Moissac, avec son AOP et son ancrage territorial fort, incarne précisément ces valeurs recherchées par les consommateurs soucieux de la provenance et de la qualité de leur alimentation.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour cette filière emblématique du Sud-Ouest. La capacité des acteurs à trouver collectivement des solutions durables conditionnera l’avenir d’une production qui fait la fierté du Tarn-et-Garonne et participe au rayonnement gastronomique de la région.