Dans un communiqué, le parti Démocrates & Progressistes a pris position pour le second tour des législatives partielles dans la 1ère circonscription de Tarn-et-Garonne. Dénonçant « un brouillage moral » et « des calculs partisans », le mouvement centriste appelle à voter pour Catherine Bourdoncle (PS) face à Pierre-Henri Carbonnel (UDR), soutenu par le Rassemblement national.
Un appel clair contre l’extrême droite
Le communiqué de Démocrates & Progressistes ne laisse place à aucune ambiguïté. Le parti, qui défend des valeurs centristes et réformistes, estime que « le seul choix conforme aux valeurs républicaines, sociales et européennes, c’est celui porté par Cathie Bourdoncle, candidate du parti socialiste ».
Cette prise de position intervient dans un contexte politique local tendu, marqué par la division de la droite et l’absence de candidat centriste qualifié pour le second tour. Démocrates & Progressistes, proche des idées d’Édouard Philippe et du courant réformiste, choisit ainsi le camp du front républicain plutôt que l’abstention ou le vote blanc.
Bruno Retailleau et la dérive des Républicains
Le communiqué cible directement Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur venu soutenir Bernard Pécou (LR) vendredi dernier à Montauban. « En appelant à ne pas voter pour la gauche dans le Tarn-et-Garonne, Bruno Retailleau tourne le dos à l’héritage républicain dont sa famille politique se réclamait encore hier », dénonce le parti.
Démocrates & Progressistes y voit le symptôme d’une dérive plus profonde : « Cette prise de position s’inscrit dans une dérive assumée d’une partie des Républicains, désormais prête à pactiser avec le Rassemblement National pour sauver quelques mandats. »
Cette critique fait écho aux tensions nationales au sein de la droite française, entre une ligne assumant des rapprochements tactiques avec le RN et une autre défendant l’imperméabilité au parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
La citation de Jacques Chirac brandie comme un étendard
Pour appuyer son argumentation, le communiqué rappelle une citation célèbre de Jacques Chirac lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 : « Ne composez jamais avec l’extrémisme. C’est un poison. Il divise, il pervertit, il détruit. »
Cette référence à l’ancien président de la République, figure tutélaire de la droite gaulliste, vise à replacer le débat sur le terrain des valeurs républicaines traditionnelles et à isoler ceux qui, à droite, seraient tentés par des accommodements avec l’extrême droite.
« Aucune alliance, aucune ambiguïté, aucune complaisance avec l’extrême droite », martèle le communiqué, ajoutant : « S’opposer à la gauche républicaine au profit du RN, c’est trahir l’esprit même de la Ve République. »
Un appel à « faire barrage » au second tour
Démocrates & Progressistes appelle ses sympathisants et l’ensemble des électeurs républicains à « voter sans hésitation pour Cathie Bourdoncle au second tour et à faire barrage à la droite radicalisée comme à l’extrême droite banalisée ».
Cette consigne de vote s’inscrit dans la tradition du front républicain, qui a prévalu lors de nombreux scrutins depuis les années 2000, notamment lors des législatives de 2022 dans cette même circonscription, où Valérie Rabault (PS) l’avait emporté face au RN avec 58,3% des voix.
Le parti place ainsi le curseur politique clairement à gauche pour ce second tour, préférant un vote socialiste à une abstention qui pourrait profiter au candidat soutenu par le Rassemblement national.
Un second tour sous tension
Ce communiqué intervient dans un contexte de second tour particulièrement tendu dans la 1ère circonscription. Les résultats du premier tour ont confirmé la fragmentation du paysage politique local, avec l’élimination des candidats de gauche écologiste et centriste, ainsi que du candidat Les Républicains.
Le duel opposera dimanche 12 octobre Pierre-Henri Carbonnel (UDR), ancien suppléant de Brigitte Barèges et soutenu par le Rassemblement national, à Catherine Bourdoncle (PS), vice-présidente du Conseil départemental. L’issue du scrutin dépendra largement de la capacité de chaque camp à mobiliser les reports de voix des candidats éliminés.
La prise de position de Démocrates & Progressistes, bien que portée par un petit parti, témoigne des tensions qui traversent le spectre politique face à la montée de l’extrême droite et aux recompositions en cours à droite et au centre.