Par Pascal ELLUL Directeur de cabinet parlementaire et représentant départemental de Nouvelle Énergie
La victoire de Donald Trump, suscite inquiétudes et commentaires alarmistes en Europe. Ces craintes ne doivent pas nous aveugler : ce résultat pourrait être l’électrochoc dont notre continent a besoin pour retrouver sa puissance et son indépendance.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe s’est installée dans une forme de dépendance confortable vis-à-vis des États-Unis. Le « parapluie américain » de l’OTAN nous a progressivement conduits à une forme de démission stratégique. Nous avons délégué notre sécurité tout en réduisant nos budgets de défense. La perspective d’une administration Trump moins engagée dans l’Alliance atlantique nous force enfin à regarder la réalité en face : l’Europe doit se doter d’une véritable autonomie stratégique.
Cette autonomie doit se construire sur plusieurs piliers. Le premier est la défense. La France, seule puissance nucléaire de l’UE depuis le Brexit, a un rôle moteur à jouer. Les initiatives comme la Coopération Structurée Permanente (PESCO) et le Fonds européen de la défense ne peuvent plus rester au stade des bonnes intentions. Nous devons passer aux actes : mutualisation des équipements, développement d’une industrie européenne de défense, création d’une véritable force d’intervention rapide européenne.
Sur le plan économique, le protectionnisme annoncé de Trump est une opportunité de repenser notre modèle. L’Europe dispose d’atouts considérables : première puissance commerciale mondiale, excellence technologique, leadership dans la transition énergétique. Mais ces atouts ne suffisent pas : nous devons muscler notre politique industrielle, protéger nos secteurs stratégiques, et investir massivement dans l’innovation. La dépendance aux technologies américaines dans le numérique doit cesser d’être une fatalité.
L’affaiblissement probable du multilatéralisme sous Trump ouvre également un espace pour l’Europe. Sur le climat, le commerce international ou la régulation du numérique, l’UE peut et doit s’affirmer comme le gardien d’un ordre international fondé sur des règles. Non par idéalisme, mais parce que c’est notre intérêt. Un monde régulé protège mieux les intérêts européens qu’un monde où règne la loi du plus fort.
Cette ambition européenne exige des choix clairs. Il faudra accepter d’augmenter nos dépenses de défense, de protéger plus fermement nos intérêts commerciaux, parfois au risque de froisser nos partenaires. La puissance a un coût, mais l’absence de puissance en a un plus élevé encore.
Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas d’adopter une posture anti-américaine, qui serait aussi stérile que dangereuse. Les États-Unis resteront un allié essentiel, partageant avec l’Europe des valeurs fondamentales de démocratie et de liberté. Mais cette alliance doit se reconstruire sur la base d’un partenariat entre égaux, non d’une relation de dépendance.
Le vrai danger n’est pas Trump, mais notre propre incapacité à nous saisir de ce moment historique. La présidence Trump, par les secousses qu’elle va provoquer dans l’ordre international, nous offre une chance unique de rebâtir une Europe puissance. Cette opportunité ne se représentera peut-être pas.
L’Histoire nous met face à nos responsabilités. À nous, Européens, de nous montrer à la hauteur de ce rendez-vous.

Pascal ELLUL est Directeur de cabinet parlementaire et représentant départemental de Nouvelle Énergie, le parti fondé et présidé par David LISNARD, Maire de Cannes et Président de l’Association des Maires de France