Par Samy TADRIST
Il fut un temps, pas si lointain, où la France aspirait davantage à célébrer sa diversité. Début des années 2000, malgré les tensions déjà présentes dans certains territoires, nous voyions avec espoir nos voisins, nos amis, nos collègues issus de l’immigration réussir, s’élever, devenir pleinement acteurs de la société française. La mixité était perçue comme une richesse potentielle, et l’intégration comme un objectif commun. Aujourd’hui, ce modèle vacille. L’unité nationale se fissure sous les coups d’une radicalisation multiforme, nourrie par la haine de l’autre et l’incompréhension mutuelle.
Je parle en connaissance de cause. Ayant grandi dans un pays gangrené par le terrorisme dans les années 90, j’ai vu de mes propres yeux ce que la radicalisation pouvait engendrer : la violence, la peur, la destruction du lien social. Le terrorisme islamiste a déchiré de nombreux pays, comme il a endeuillé la France lors de ces dernières décennies.
Mais la radicalisation ne se limite pas au fanatisme religieux. Elle s’exprime aussi à travers une essentialisation mortifère qui gangrène notre société : on ne juge plus l’individu pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il représente. Dès lors que vous êtes « basané », vous seriez forcément étranger à la France. Dès lors que vous êtes blanc, vous seriez nécessairement raciste ou complice d’un « système oppressif ». Et si vous tentez d’échapper à ces assignations, vous devenez un traître à vos origines ou un « collabo » du multiculturalisme. Cette dérive identitaire fracture la France en blocs irréconciliables, alimentant le ressentiment et le repli sur soi.
Pourtant, la réalité est tout autre. Des millions de Français d’origine étrangère vivent dans ce pays en parfaite harmonie avec ses valeurs. Ils travaillent, payent leurs impôts, élèvent leurs enfants dans l’amour de la République. Ils ne demandent pas à être enfermés dans une identité figée, mais à être pleinement reconnus comme des citoyens à part entière. Eux aussi voient avec inquiétude l’islamisme radical gangréner certains quartiers, la haine ethnique progresser dans les discours, et le séparatisme saper l’idéal d’unité nationale.
Que faire, alors ?
D’abord, refuser les discours qui exacerbent la fracture. Il est impératif de réaffirmer une identité française fondée sur l’adhésion à un cadre commun et non sur l’origine ou la couleur de peau. La République doit redevenir un creuset où chacun peut s’intégrer sans renier ses racines, mais sans non plus les brandir comme des étendards de revendication.
Ensuite, restaurer l’autorité de l’État. Les zones de non-droit doivent cesser d’exister, et les idéologies qui prônent la rupture avec la France doivent être combattues sans relâche. Cela implique une fermeté totale face à l’islamisme politique, mais aussi face aux mouvements racialistes et indigénistes qui alimentent le ressentiment et la victimisation.
Enfin, valoriser les modèles de réussite issus de l’immigration. Trop souvent, on ne parle que des échecs, des violences et des tensions. Pourtant, des milliers d’entrepreneurs, d’artisans, de fonctionnaires, de médecins, d’enseignants d’origine étrangère incarnent une intégration réussie. Ils sont la preuve vivante que l’assimilation républicaine fonctionne lorsqu’elle conjugue exigence et opportunités, lorsqu’elle donne à chacun les moyens de s’élever et de se sentir fier d’être Français.
C’est tout le sens de mon engagement aux côtés de David Lisnard et de Nouvelle Énergie. Parce qu’il est aujourd’hui l’un des seuls à porter un discours courageux et juste : celui de la méritocratie, où chacun peut trouver sa place dans la République par son engagement, son travail et son sens du devoir, sans que son origine ou son apparence ne le définissent à jamais. Une méritocratie exigeante mais empathique, où la République protège et élève ceux qui la respectent et s’y investissent.
Il est temps de sortir de cette spirale de rejet et de division. La France a toujours su se réinventer, et elle doit aujourd’hui retrouver l’esprit qui a fait sa grandeur : un pays ouvert, mais exigeant ; fier de son identité, mais jamais exclusif. La vraie bataille à mener n’est pas celle des origines, mais celle des valeurs. Celles de la République, qui doivent demeurer le seul socle commun inaltérable.

Samy TADRIST, moissagais, citoyen engagé, adhérent de Nouvelle Énergie, présidé par David LISNARD, Maire de Cannes et Président de l’Association des Maires de France