Les électeurs de la 1ère circonscription votent ce dimanche 5 octobre pour élire leur député, suite à l’invalidation du mandat de Brigitte Barèges. Avec douze candidats en lice, des qualités de campagne inégales et une abstention qui s’annonce massive, les qualifications pour le second tour restent largement imprévisibles.
Des qualités de campagne contrastées
Cette élection législative partielle a donné lieu à des campagnes de qualité très variable. Si certains candidats ont multiplié les initiatives de terrain et démontré une réelle capacité à échanger avec les électeurs, d’autres ont peiné à convaincre au-delà de leur socle militant.
Lors du débat télévisé organisé par France 3 Occitanie, plusieurs candidats se sont montrés peu à l’aise face caméra, avec des prestations inégales. Si quelques-uns ont su tirer leur épingle du jeu, d’autres ont déçu par une maîtrise approximative des dossiers ou une difficulté à incarner leur projet politique.
Une droite divisée entre trois candidatures
Trois candidats se disputent une partie importante de l’électorat dans cette élection, illustrant les divisions qui traversent le paysage politique local.
Pierre-Henri Carbonnel (UDR), ancien suppléant de Brigitte Barèges, bénéficie du soutien du Rassemblement national et de l’ancienne députée qui assume publiquement la direction de sa campagne. Sa candidature a toutefois été marquée par une polémique autour d’une vidéo visant des adversaires, qui a valu une mise en demeure de France Télévisions.
Bernard Pécou (Les Républicains) s’est montré peu à l’aise lors des débats publics, mais mise sur la notoriété de son nom et son ancrage local. Il recevra ce soir, le soutien de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, lors d’un meeting au Complexe Marie-Louise. Cette visite à deux jours du scrutin vise à mobiliser l’électorat de droite. Sera-ce suffisant pour compenser une campagne en retrait ?
Brigitte Poma (Divers droite) complète cette offre à droite avec une campagne plus discrète.
Catherine Simonin-Bénazet : une campagne solide, mais le poids du macronisme
À notre sens, Catherine Simonin-Bénazet (Renaissance) a mené l’une des meilleures campagnes de ce scrutin. Sa présence soutenue sur les marchés et dans les quartiers, sa maîtrise des dossiers locaux, notamment en matière de santé publique, et son aisance dans l’échange avec les électeurs ont marqué cette élection.
Ancienne chirurgien-dentiste et militante associative, elle a bénéficié du soutien de Gabriel Attal le 30 septembre, conférant une dimension nationale à sa candidature. Sa campagne de terrain a démontré un professionnalisme et une constance remarquables.
Mais une question demeure : son appartenance au camp macroniste ne risque-t-elle pas de lui porter préjudice dans une circonscription où le président de la République ne jouit pas d’une popularité écrasante ? Si la division de la droite constitue une opportunité, le rejet du bilan gouvernemental pourrait limiter son potentiel électoral.
Samir Chikhi : une entrée tardive mais remarquée
Samir Chikhi (Génération·s) constitue l’autre bonne surprise de cette campagne. Le candidat s’est révélé très à l’aise lors de ses interventions publiques, avec une capacité à incarner une gauche d’engagement et de terrain.
Porté par des militants locaux motivés, il a multiplié les initiatives de proximité et démontré une réelle capacité à mobiliser. Sa campagne, axée sur les préoccupations sociales et écologiques, trouve un écho auprès d’une partie de l’électorat de gauche.
Toutefois, son entrée en campagne tardive ne sera peut-être pas suffisante pour compenser le retard pris sur les autres candidats. Disposera-t-il du temps nécessaire pour faire connaître son nom auprès d’un électorat souvent volatile lors des scrutins partiels ?
Catherine Bourdoncle et la gauche traditionnelle
Catherine Bourdoncle (Parti socialiste), vice-présidente du Conseil départemental soutenue par Valérie Rabault, incarne la continuité socialiste. Elle représente l’héritage de la victoire de 2022, lorsque la gauche l’avait emporté face au RN au second tour (58,3% contre 41,7%).
Sa campagne, plus classique, mise sur son ancrage institutionnel et son expérience d’élue locale. La division de la gauche avec la candidature Chikhi constitue toutefois un handicap pour sa qualification.
Richard Blanco (Lutte ouvrière) complète l’offre de gauche.
Les autres candidatures
Six autres candidats complètent cette liste de douze noms : Eddine Ariztegui (Parti animaliste), Claire Aymes (sans étiquette), Pierre Schwarz (Decidemos), Jean-François Grilhaut des Fontaines (Solidarité & Progrès), et Guy Jovelin (Parti de la France).
Si leurs chances de qualification sont quasi nulles, ces candidatures peuvent capter quelques voix et influencer les équilibres entre les principaux prétendants.
Une abstention massive prévisible
L’abstention devrait atteindre des niveaux très élevés lors de ce scrutin. Lors des législatives de 2022, elle avait déjà frôlé les 50% au second tour. Pour cette élection partielle, sans enjeu national majeur, le taux de participation risque d’être encore plus faible.
Cette faible mobilisation rendra d’autant plus incertaines les qualifications pour le second tour. Dans un scrutin à douze candidats avec une participation réduite, quelques centaines de voix peuvent faire toute la différence.
Quel second tour dimanche prochain ?
Une triangulaire au second tour paraît impossible au vu du nombre de candidats et de la dispersion prévisible des voix. Tout résidera dans la capacité des principaux candidats à figurer dans les deux premiers et à franchir la barre des 12,5% des inscrits nécessaire pour se maintenir.
Plusieurs configurations sont envisageables pour le second tour du 12 octobre :
Carbonnel – Bourdoncle ? Un duel UDR/RN contre PS reproduirait le schéma de 2022, avec l’avantage à la gauche sur son nom.
Carbonnel – Pécou ? Un affrontement entre les deux droites montrerait l’échec du centre et de la gauche à mobiliser.
Carbonnel – Simonin-Bénazet ? Un duel UDR/RN contre Renaissance offrirait une confrontation entre deux visions opposées, avec l’inconnue du report des voix de droite traditionnelle et de gauche.
Les paris sont ouverts. Réponse dimanche soir, lorsque les premières estimations tomberont.
Informations pratiques
Les bureaux de vote ouvriront dimanche 5 octobre de 8h à 18h. Les résultats, attendus en soirée, dessineront le visage du second tour du 12 octobre.
La liste complète des candidats et leurs suppléants est disponible en préfecture et sur le site de la préfecture de Tarn-et-Garonne.