Une récente étude de l’Insee révèle que le secteur de la mode en France, particulièrement l’habillement et la chaussure, connaît des difficultés bien avant la crise sanitaire de 2020. Malgré les faillites médiatisées d’enseignes comme Camaïeu ou San Marina, le déclin du secteur remonte au début des années 2010.
L’analyse montre que les ventes dans l’habillement ont commencé à décrocher dès 2011, suivies par le secteur de la chaussure en 2013. Entre 2011 et 2019, le chiffre d’affaires des magasins de vêtements a diminué en moyenne de 0,1% par an, tandis que celui de l’ensemble du commerce de détail augmentait de 2,6%.
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. La concurrence croissante des ventes en ligne et des magasins d’articles de sport a fortement impacté le secteur traditionnel. L’essor du marché de la seconde main et l’émergence de nouveaux acteurs étrangers comme Amazon, Shein et Temu ont également contribué à redessiner le paysage commercial.
Le secteur du sport a particulièrement profité de cette évolution, avec une croissance annuelle de 3,8% entre 2009 et 2019. La consommation de vêtements de sport a bondi de 58,6% entre 2012 et 2023, alors que celle des vêtements hors sport chutait de 11,6%.
Cette situation a entraîné une forte réduction du nombre de points de vente : -17,9% pour l’habillement et -26,4% pour la chaussure entre 2014 et 2021. L’emploi dans le secteur a également diminué de 5,9% entre 2011 et 2022.
Malgré ces difficultés, le chiffre d’affaires des magasins spécialisés s’élevait encore à 39 milliards d’euros en 2023, représentant 6,6% du commerce de détail en France. Le marché reste dominé par les ETI et PME, qui réalisent 83% du chiffre d’affaires du secteur.
Bien que la rentabilité du secteur se soit légèrement améliorée depuis la crise sanitaire, elle reste inférieure à celle de l’ensemble du commerce de détail. Cette situation souligne les défis persistants auxquels font face les acteurs de la mode en France, dans un paysage commercial en pleine mutation. L’adaptation à ces nouvelles réalités du marché semble être la clé pour la survie et la croissance future des enseignes de mode traditionnelles.