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Bilan urbanisme Moissac 2020-2025 : l’Union Citoyenne Moissagaise publie un rapport critique

Un rapport de 41 pages sur cinq ans de politique urbaine
L’Union Citoyenne Moissagaise (UCM), menée par Séverine Laurent candidate aux municipales de 2026, vient de publier un document de 41 pages analysant la politique d’urbanisme de la municipalité actuelle entre 2020 et 2025. Ce travail de recherche, réalisé par Stéphane Garrigues, s’appuie sur les délibérations du conseil municipal, les documents publics et les chiffres officiels.

« Ce livret n’est pas un document comme les autres », explique Séverine Laurent dans l’introduction. « Il est le fruit d’un travail minutieux, réalisé avec patience et rigueur pour examiner la réalité de l’urbanisme à Moissac. » L’objectif affiché est d’offrir « une base solide de vérité » aux habitants avant les prochaines échéances électorales.

Des projets hérités plus que créés selon l’UCM

Selon l’analyse de l’UCM, la majorité des projets réalisés depuis 2020 auraient été décidés ou préparés par les équipes municipales précédentes. Le rapport cite notamment l’étude de renouvellement urbain de 2018 qui avait déjà identifié la plupart des sites aujourd’hui rénovés : rue Gambetta, place des Récollets, îlot Falhière, berges du Tarn ou encore l’école Chabrié.

L’opposition souligne que l’équipe municipale a hérité d’un contexte particulièrement favorable en 2020 : signature du contrat bourg, mise en place du PETR (Pôle d’Équilibre Territorial et Rural), reprise de la gestion de l’eau par le SMEC, et surtout l’arrivée providentielle du programme « Petites villes de demain » lancé en 2020 pour la relance post-pandémie.

« La municipalité actuelle s’est contentée de finaliser des dossiers déjà avancés », affirme le document, qui précise que l’ancienne cheffe de projet de la commune avait été recrutée et mutualisée par la communauté de communes, apportant une parfaite connaissance des projets en cours.

Le Contrat Bourg : un bilan contrasté de 34% de réussite

L’UCM a analysé en détail le Contrat Bourg de Moissac, signé en 2022 et amendé en 2024. Sur 62 projets annoncés pour un budget de 18,2 millions d’euros, seuls 21 ont été finalisés (34% de réussite) et 14,5 millions d’euros réellement engagés.

Le taux de réussite varie fortement selon les axes :

  • Habitat : 40%
  • Centralité : 25%
  • Transitions du XXIe siècle : 21%
  • Notoriété et rayonnement : 70%

L’opposition note que « c’est le poste ‘Notoriété et rayonnement’ qui atteint le mieux son objectif – c’est de la communication ». Moissac a présenté 3,5 fois plus de dossiers que Castelsarrasin, représentant environ la moitié des dossiers déposés par la communauté de communes Terres de Confluences.

Après subventions, le reste à charge pour la ville s’élève à 1,1 million d’euros sur cinq ans, soit environ 104 euros annuels par foyer fiscal imposé. L’UCM qualifie cette somme de « relativement faible… mais obtenue au prix d’une austérité lourde pour les associations et services publics ».

Une politique d’austérité malgré des finances saines

Paradoxalement, malgré une trésorerie solide héritée des équipes précédentes, l’UCM dénonce l’instauration dès 2020 d’un plan d’austérité « dans tous les domaines » : baisse de la dotation par enfant scolarisé en maternelle, financement d’actions scolaires « au compte-goutte », réduction « très conséquente » des subventions aux associations les trois premières années, restructuration de services municipaux.

Cette politique aurait eu pour objectif « de dégager des fonds pour accroître les possibilités d’autofinancement », selon l’analyse de l’opposition, qui y voit « un affaiblissement du tissu social et culturel ».

Des ventes immobilières questionnées : 900 000 € de patrimoine cédé

Le rapport recense près de 900 000 euros de ventes de patrimoine communal entre 2020 et 2025, avec des transactions que l’UCM juge problématiques. L’opposition dénonce des prix « parfois dérisoires » : 1,5 €/m² pour un terrain de 2,6 hectares comportant un puits communal route de la Mégère, 600 € pour 30 m² de terrain avenue du Sarlac, ou encore 1 000 € pour une parcelle en centre-ville rue Jean-Moura.

Le cas du puits communal est particulièrement critiqué. Vendu 40 000 € à une SCI, ce terrain comportait « un puits communal, aujourd’hui désaffecté mais potentiellement réutilisable » et un ancien abri militaire. L’opposition avait alerté sur l’irresponsabilité de cette cession dans un contexte de sécheresses récurrentes.
« C’est ce que fait le nouveau propriétaire, il l’exploite pour l’irrigation ! Le puits n’était pas tari », souligne le rapport.

L’UCM s’interroge également sur la concentration d’acquéreurs récurrents (plusieurs ventes ont profité aux mêmes personnes) et l’opacité de certaines transactions, pointant une « absence de publicité claire » et des « incertitudes sur l’aboutissement de certains projets ».

Des projets abandonnés et des effets d’annonce

Parmi les projets non aboutis, l’UCM recense de nombreuses opportunités manquées : la maison de santé (que l’opposition lie à « la vision idéologique » libérale de l’équipe municipale incompatible avec un financement public), l’étude sur le logement des saisonniers, la signalétique de rabattement, la végétalisation urbaine, le projet de chaufferie mutualisée, ou encore la création d’une micro-folie.

L’opposition pointe particulièrement l’abandon du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) en 2020 « du fait de l’absence d’investisseurs », qualifiant cette décision d' »erreur stratégique ».

« Au lieu de changer de méthode, de reprendre le dossier à zéro, de trouver des partenaires… la mairie a préféré laisser tomber », regrette le document.

L’UCM dénonce également plusieurs « effets d’annonce » sans résultat concret, citant notamment les promesses non tenues concernant la maison de santé, l’assainissement collectif (la station d’épuration saturée doit être remplacée, un arrêté préfectoral ayant été pris en mai 2025 pour obliger la ville à assumer sa responsabilité), ou encore l’absence de réseau de transport urbain malgré les promesses de campagne.

La problématique du logement touristique

Le rapport consacre un chapitre à la question du logement, dénonçant une « airbnb-isation » de Moissac. L’UCM estime à environ 150 le nombre de biens convertis en location courte durée (90 locations recensées sur Airbnb, d’autres plateformes existant), dont « de nombreux biens ne sont pas mis en location par des particuliers mais par des sociétés de Toulouse ou d’ailleurs ».

Cette situation ferait « flamber les prix et appauvrit l’offre de location à l’année », selon l’opposition, qui regrette le « silence et inaction » des élus sur ce sujet.

« Que restera-t-il de Moissac lorsque les habitants auront déserté la ville pour se loger dans la campagne et les communes voisines ? », s’interroge le document.

Une politique de mobilité fragmentée à Moissac

Le document critique sévèrement l’absence de vision d’ensemble en matière de mobilité et d’aménagement urbain à Moissac. L’UCM dénonce l’absence de continuité des pistes cyclables avec des « points noirs » identifiés (boulevard Alsace Lorraine, rue du faubourg Sainte Blanche, rue Hippolyte Détours), et l’inexistence de cheminements piétons pour se rendre sur la zone du Luc ou franchir le passage à niveau SNCF au Sarlac.

De nombreuses voies identifiées comme prioritaires dans l’étude de 2018 n’auraient fait l’objet d’aucun aménagement : rue Gambetta, boulevard Camille Delthil, boulevard de Brienne, allées Marengo, boulevard Alsace Lorraine, avenue Pierre Chabrié, ou encore les berges du Tarn et les quais du canal.

Concernant la voirie rurale, l’opposition relève un état « globalement mauvais » avec des trous et des portions où l’on peut « apercevoir la sous-couche de la chaussée sur des portions allant jusqu’à au moins cent mètres ». Après un effort budgétaire initial, les dotations auraient baissé de 70% sur les deux dernières années.

L’UCM estime qu’avec un investissement annuel d’un million d’euros, il faudrait 25 ans pour remettre en état l’intégralité du réseau, incluant signalisation, élargissements de ponts et pose d’abris bus.

Les enjeux pour les municipales de Moissac 2026

Ce rapport, qui se veut une « base solide de vérité » selon Séverine Laurent, servira de fondement aux propositions de l’UCM pour les municipales de 2026. L’opposition municipale appelle à une vision d’ensemble de l’urbanisme, dépassant selon elle la logique de « projets dispersés, sans cohérence » qu’elle reproche à l’équipe actuelle.

« Il n’y a pas eu de vision de l’urbanisme à l’échelle d’un quartier ou d’une thématique », déplore l’UCM, qui estime que « la vision idéologique et électorale de la municipalité a mis au rebut nombre de projets ».

L’opposition plaide pour une approche où « l’urbanisme, ce n’est pas seulement aménager les rues : c’est adapter la ville au bien-être, aux besoins humains, améliorer les rapports sociaux et préserver l’environnement ».

En conclusion, l’UCM pose une question fondamentale : « Faut-il continuer à brader ce qui appartient à tous pour financer le fonctionnement de la mairie ? Ou faut-il au contraire préserver et valoriser le patrimoine de Moissac pour construire une stratégie de développement durable, transparente et équitable ? »

La municipalité n’a pas encore réagi officiellement à la publication de ce document d’opposition. Ce bilan critique constituera vraisemblablement l’un des axes de campagne de l’UCM pour les municipales de 2026, dans une démarche qui vise à opposer « communication » et « action concrète ».

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