Le projet de budget de la sécurité sociale (PLFSS 2025) vient de révéler un déficit abyssal de 18 milliards d’euros pour 2024, surpassant même les prévisions les plus pessimistes. Cette nouvelle alarmante n’est que le dernier symptôme d’un système de protection sociale français en état de déliquescence avancée, appelant urgemment à une refonte totale.
Ce déficit record, bien loin des 10,5 milliards initialement prévus, illustre l’incapacité chronique du système actuel à s’adapter aux réalités économiques et démographiques du pays. La branche maladie, avec un déficit approchant les 14,6 milliards, symbolise à elle seule l’inefficacité croissante d’un modèle à bout de souffle.
Face à cette situation, le gouvernement propose encore une fois des mesures palliatives qui ne font que repousser l’inévitable. Report de la revalorisation des retraites, réduction des exonérations de cotisations, transfert de charges vers les complémentaires santé… Ces rustines budgétaires ne feront qu’accentuer le paradoxe d’un système toujours plus coûteux pour un service rendu de moins en moins performant.
Les explications avancées par Pierre Pribile, directeur de la Sécurité sociale, sur le « choc inflationniste » ou les revalorisations salariales imprévues, ne font que souligner l’incapacité du système à anticiper et à s’adapter aux évolutions socio-économiques.
Il est temps de reconnaître que le modèle actuel de la Sécurité sociale, conçu dans un contexte d’après-guerre, n’est plus adapté aux réalités du XXIe siècle. L’augmentation constante des cotisations couplée à la dégradation du service rendu témoigne de l’urgence d’un changement de paradigme.
Une refonte en profondeur s’impose. Il faut repenser intégralement le financement et le fonctionnement de notre protection sociale. Cela pourrait passer par une simplification drastique des structures administratives, une responsabilisation accrue des acteurs du système de santé et des usagers, et une réflexion sur de nouveaux modes de financement moins dépendants de la masse salariale.
L’innovation et la digitalisation doivent être au cœur de cette refonte pour améliorer l’efficience du système tout en réduisant ses coûts. Des exemples à l’étranger montrent qu’il est possible de concilier qualité des soins et maîtrise des dépenses.
Le défi est de taille, mais l’alternative – continuer sur la voie actuelle – n’est plus tenable. Sans un changement radical, nous nous dirigeons vers un effondrement du système, avec des conséquences dramatiques pour la population.
Il est temps que le gouvernement et les partenaires sociaux aient le courage de lancer ce grand chantier de refondation. C’est à ce prix que nous pourrons préserver l’esprit de solidarité qui a fait la force de notre modèle social, tout en l’adaptant aux enjeux du futur. L’heure n’est plus aux demi-mesures, mais à une révolution de notre protection sociale.
