Une récente étude de dangers révèle l’état préoccupant des digues protégeant Montauban des crues du Tarn. Le préfet du Tarn-et-Garonne vient de préciser les modalités administratives encadrant les travaux à venir sur cette infrastructure essentielle à la sécurité des 3 000 habitants du quartier de Sapiac et ses environs.
Un système d’endiguement insuffisant
Les conclusions de l’étude mandatée par la préfecture sont sans appel : les digues qui bordent le Tarn, pourtant construites après les inondations catastrophiques de 1982 et dont les derniers travaux datent de 2010, ne garantissent plus un niveau de protection suffisant face aux risques de crues.
L’analyse technique identifie plusieurs points de fragilité structurelle, notamment des tronçons affaiblis qui présentent un risque significatif de rupture en cas de forte montée des eaux. La hauteur des murs de protection se révèle également insuffisante pour faire face aux crues majeures.
Pour répondre aux normes de sécurité, l’étude recommande de rehausser les ouvrages à une hauteur de référence de 10 mètres à l’échelle du Pont-Vieux sur la rive gauche pour le casier Ouest, et 9,5 mètres en rive droite pour le casier Sapiac.
Des habitants inquiets
Cette situation suscite légitimement l’inquiétude des riverains du quartier Sapiac, particulièrement exposé au risque d’inondation. Ce secteur, qui compte non seulement 3 000 habitants mais aussi un collège, une crèche et de nombreuses entreprises, a déjà connu plusieurs épisodes dramatiques d’inondation par le passé, notamment en 1930, 1982, 1996 et 2003.
Les représentants des habitants regrettent le manque d’information préalable concernant les résultats de cette étude réalisée en 2023, et s’interrogent sur la nature exacte des défaillances constatées et des travaux à entreprendre.
Un calendrier imposé par la préfecture
Face à cette situation, la préfecture du Tarn-et-Garonne a engagé une procédure administrative visant à modifier l’arrêté de prescriptions réglementaires relatif au système d’endiguement de Montauban, initialement établi le 3 juillet 2017.
Cette procédure, qui comprend une phase contradictoire avec la collectivité et une consultation publique par voie électronique qui vient de s’achever, débouchera sur un nouvel arrêté préfectoral fixant un calendrier précis :
- Jusqu’au 30 avril 2025 : obligation pour le Grand Montauban d’informer la population des conclusions de l’étude
- Jusqu’au 31 décembre 2026 : délai pour produire une étude technique de niveau
- Jusqu’au 31 décembre 2028 : échéance pour réaliser les travaux nécessaires
Des mesures transitoires mises en place
En attendant la réalisation des travaux de consolidation et d’adaptation, la Communauté d’agglomération du Grand Montauban (GMCA) a pris des mesures préventives. Son plan communal de sauvegarde a été actualisé pour tenir compte du niveau de protection réel des ouvrages.
Parmi les dispositions les plus notables, le seuil d’alerte de la population a été significativement abaissé, passant de 9,50 mètres à 7,20 mètres de hauteur d’eau. Cette mesure vise à anticiper davantage les évacuations en cas de montée des eaux.
Une situation suivie de près par les autorités
Dans son communiqué, la préfecture rappelle que la réglementation relative à la surveillance des systèmes d’endiguement a évolué ces dernières années, imposant désormais la réalisation d’études de dangers périodiques.
De son côté, la ville de Montauban assure rester « attentive » à la situation. Elle affirme que les ouvrages font l’objet de contrôles bisannuels et d’un entretien régulier, pour un coût oscillant entre 80 000 et 100 000 euros par an.
La GMCA a par ailleurs lancé une étude pour identifier précisément les travaux nécessaires au maintien du niveau de protection requis, première étape d’un processus qui devrait s’étaler sur plusieurs années.
Ce dossier illustre les défis croissants liés à la gestion des risques d’inondation dans un contexte de changement climatique, où les phénomènes météorologiques extrêmes tendent à s’intensifier et à se multiplier.