Alors que les prix de l’électricité sur le marché international retrouvent des niveaux plus raisonnables, le gouvernement envisage de rehausser la taxe sur l’électricité à son niveau d’avant-crise. Une décision qui soulève des interrogations et des inquiétudes, y compris au sein même de l’exécutif.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique et de l’Energie, a elle-même exprimé des réserves quant à cette augmentation. Elle a notamment souligné « le risque » d’aller trop loin dans cette hausse, qui pourrait peser lourdement sur la facture des Français modestes, en particulier ceux qui ne bénéficient pas du tarif réglementé.
Cette prudence ministérielle met en lumière le paradoxe de la situation actuelle. D’un côté, le gouvernement prétend vouloir protéger le pouvoir d’achat des Français. De l’autre, il semble prêt à augmenter une taxe au moment même où les conditions du marché permettraient un allègement de la facture énergétique des ménages.
La ministre évoque une augmentation de la taxe de 22 à 32 euros par MWh, soit un retour au niveau d’avant-crise. Cependant, cette justification semble faire fi des difficultés persistantes auxquelles font face de nombreux Français, notamment ceux vivant dans des « passoires thermiques ».
Plus préoccupant encore, cette hausse pourrait avoir des répercussions bien au-delà des seuls ménages. Les entreprises, déjà fragilisées par les crises successives, risquent de voir leurs charges augmenter significativement. Des secteurs entiers de l’économie, à commencer par l’industrie et l’artisanat, pourraient en pâtir.
On peut légitimement s’interroger sur la cohérence d’une telle mesure avec les objectifs affichés de réindustrialisation et de transition écologique. Comment encourager les investissements nécessaires à la modernisation de notre appareil productif si l’on augmente dans le même temps le coût de l’énergie ?
Certes, le gouvernement argue que la baisse des prix sur le marché international permettrait d’absorber cette hausse de taxe sans impact sur les factures. Mais c’est oublier un peu vite que tous les consommateurs ne bénéficient pas des tarifs réglementés et que les entreprises sont particulièrement vulnérables aux variations des coûts énergétiques.
Alors que le Parlement s’apprête à examiner le budget la semaine prochaine, il est crucial que les députés et les sénateurs mesurent pleinement les conséquences potentielles d’une telle augmentation. Dans un contexte économique encore fragile, toute décision hâtive pourrait avoir des effets délétères sur la reprise et le pouvoir d’achat des Français.
Il est temps que le gouvernement fasse preuve de cohérence entre ses discours et ses actes. Plutôt que d’augmenter les taxes au premier signe d’accalmie sur les marchés, ne serait-il pas plus judicieux d’utiliser cette conjoncture favorable pour alléger durablement la facture énergétique des Français et soutenir la compétitivité de nos entreprises ?